Je n’avais pas dormi depuis 24h …
Une semaine éprouvante venait de s’écouler, tout avait bien commencé pourtant.
Le début de semaine avait été marqué par l’arrivée de notre nouveau mécano, il y avait un bout de temps que je lui avais parlé de mon intérêt pour son profil, enfin il était la, il semblait bien s’intégrer, la bonne ambiance était palpable dans les locaux syndicaux du Noman’sland !
Les projets avançaient, l’équipement des commandos s’affinait, la cuisine se remplissait, le prochain tournoi s’organisait.
Mercredi était le jour dédié à « l’entraînement » en conditions réelles des commandos, comme a l’accoutumée je dirigeais les troupes, nos adversaires du soir étaient nos frères de métal, tout le monde s’était préparé avec sérieux et ça a porté ses fruits, plusieurs victoires écrasantes, plusieurs hommages à ma bravoure … mais c’est facile quand on est si bien entouré et que tout le monde y met du sien…
Jusque là, tout allait bien. Pourtant, au cour de la journée de jeudi, alors que je vérifiais que tout le monde était sur pieds après la GB, je m’aperçus qu’il manquait une fois de plus quelqu’un à l’appel, un des derniers anciens Marsistes avait disparu, La Firme était passée emmener le caisson de stase de Kargh dont les signes vitaux étaient faibles depuis déjà quelques temps… Certes ce nom n’évoque pas grand chose à la plupart des terras actuels mais c’était un grand terra, certes discret mais toujours là quand il fallait et efficace.
Temps étrange que nous vivons où nous passons notre temps à rendre hommage à nos morts sans vraiment voir de relève potable arriver … peut-être sommes-nous simplement de bien piètres formateurs…
Puis dans le reste de la semaine deux terras avaient commencé à mettre des annonces étranges au comptoir du commerce, tout d’abord Turquoise, elle offrirait des cadeaux à tous ceux qui le demanderait. Même si elle était généreuse, ce n’était pas dans ses habitudes de donner à n’importe qui… Son silence aussi était étrange… ça ressemblait à une mort annoncée.
Puis Leeloo se mit a raconter ce qu’elle décrit comme sa dernière mission, je ne pouvais y croire… pourtant hier vers 20h elle a activé tous les dispositifs de sommeil de son bunker… plus de 24h plus tard, je n’ai toujours pas réalisé.
Une page de l’histoire martienne se tourne.
Sans elle je ne serais pas ce que je suis à l’heure actuelle…
Quelques heures plus tard, au début de la nuit, une autre mauvaise nouvelle arriva…
Elle arriva dans l’alcôve syndicale, chose qui était de plus en plus rare dernièrement. Sa bonne humeur semblait fausse puis après quelques minutes de rigolade elle nous annonça que cette fois c’était la bonne et que c’était la dernière fois qu’on la voyait. Ce n’était pas la première fois qu’elle nous disait ça mais, là, sa décision était mûrement réfléchie et l’émotion dans sa voix était palpable… Elle ne voulait pas de grande cérémonie ou de bruit autour de ce départ, elle voulais partir simplement, aussi simplement qu’ elle a vécu sur mars… Elle partit à son bunker sans se retourner, sans au revoir larmoyant… Elle alla se mettre dans son caisson, tout simplement, d’ici quelques cycles elle aussi allait disparaître…
Une page de mon histoire personnelle se tourne.
Sans elle je ne serais pas ce que je suis à l’heure actuelle …
Perdre sa pire ennemie et son plus fidèle bras droit dans la même journée c’était horrible… Un des jours les plus sombres que j’ai vécu…
Depuis je suis là sous la lumière artificielle, seul, à boire des bières tout en sachant que c’est dangereux pour mon organisme, même si jusqu'à présent mon corps résiste plutôt bien à ce liquide.
Je reste là, impassible, à observer les jeunes et les moins jeunes rendre hommage à la reine de la Fusion, rendre hommage à ce modèle de survie, rendre hommage à cet être qui a été la personne la plus dangereuse pour la zone de vivance…
Je suis pris de vertiges et d’une migraine insoutenable.
La bière doit être responsable de mon état, peut être la fatigue aussi, sous le voile blanc recouvrant mon visage, les gouttes de sueur coulent. Il faut vraiment que j’aille consulter mon infirmier !
Je me lève péniblement et me dirige vers la sortie en titubant sous l’effet de l’alcool qui coule dans mes veines…
Le sas s’ouvre pendant que je chantonne une chanson dont les paroles sont peu audibles
“♫♪…I, cry, when angels deserve to die…♪♫”